DU LATIN HISPANIQUE AU ROMAN HISPANIQUE :
*UASCONICATUM > *BASKONEGADU > BASCONGADO (VASCONGADO)
Les mots basque/ vasco/ vascongado ( < bascongado > ) signifient originellement
bascophone ( euskaldun ). Le mot vascongado ( bascongado ), provenant du latin
hispanique *uasconicatum, était le mot que dans les langues romanes navarraise
et castillane recevait le bascophone ou euskaldun. Pourtant, le mot vasco (
basco ) était utilisé dans la langue romane espagnole médiévale
( moyenâgeuse ) et moderne pour mentionner ou citer aux habitants de Basse
Navarre ( France ), territoire situé à la versant nord des monts
Pyrennées ; ces navarrais avaient migré vers le Nord à
cause d'une époque de faim en Haute Navarre ( Espagne ) dans le Haut
Moyen Âge ; donc, les gens de Basse Navarre ( Iparralde ) recevaient le
nom de vascos ( bascos ), et les gens de Haute Navarre, simplement navarrais
; bascophones tous les deux territoires. En effet, Basse Navarre s'appelait
Tierra de Bascos ou simple et brièvement, Bascos ; le même vers
du poète Bernard D'Echepare dit comme ça : "Bascoac oroc
preciatzen Heuscara ez iaquin harren", dans le livre "Linguae Vasconum
Primitiae". Au cours du XIXe siècle le mot vascongado ( = bascophone
) a été remplacé par le gallicisme vasco ( du français
basque ). D'autre part, le mot vascuence ( = langue basque ) vient de l'adverbe
latin *uasconice ( *vasconice loqui ).
DU LATIN HISPANIQUE AU ROMAN HISPANIQUE :
*ROMANICEATUM> *ROMANEKIATU(M) > *ROMAN(E)TCHADU > *ROMANÇADU
> ROMANÇADO > ROMANZADO
Le mot castillan et navarrais romanzado ( anciennement < romançado
> ) c'est originellement un nom gentilice qui provient du latin hispanique
*romaniceatum ; le romanzado était celui qui parlait en roman. Au moins
jusqu'au fin du XVIIIe siècle, le nom romanzado était très
utilisé en Navarre par opposition à vascongado, le bascophone.
La perte de l'utilisation du nom romanzado dans la langue castillane a été
paralèlle a celle du nom vascongado . Les variantes castillanes arromanzado
et latinado avaient la même signification que le mot romanzado. Les équivalents
de romanzado/ arromanzado en catalan, valencien et majorquin étaient
romançat / arromançat. Ces mots latinado, romanzado/ arromanzado,
et romançat/ arromançat signifiaient romanophone, au aussi ils
se référaient à un texte traduit au roman à partir
d'une autre langue: arabe, hébreu, latin, etc. Le mot romance ( = langue
romane ) vient de l'adverbe latin romanice ( romanice loqui ).
Jules César, dans le livre " De bello gallico ", dit comme ça : " Gallos ab aquitanis Garumna flumen... dividit ", en français: " La rivière Garonne sépare les Gaulois des Aquitaines ". César et d'autres écrivants clasiques considèrent que les Aquitaines et les Hispanes étaient des parents ou ressemblants. Il y a beaucoup d'inscriptions aquitaines des prémiers siècles de l'ère chrétienne; elles sont écrites en latin avec des mots en langue aquitaine qui ressemblent au basque actuel : Sembe, Cison, Nescato, etc. ; en effet l'aquitaine est consideré comme du proto-basque.
La caractéristique du système consonantique de la langue proto-basque était l'opposition entre des phonèmes FORTES (forts) et des phonèmes LENES ( doux ). FORTES : ( / p / ) / t / / tz / - / ts / / k / / N / / L / / R / ; LENES : / b / / d / / z / - / s / / g / / n / / l / / r /. L'influence du latin sur l'euskara se produit principalement au nivel du vocabulaire, pas au nivel phonétique ni morphologique-sintaxique, bien que le latin donne au basque des différents morphèmes. Le basque a reduit les dix voyelles latines aux cinq voyelles actuelles. Les voyelles nasales basques étaient sécondaires ; ces voyelles nasales ont surgi dans le Moyen Âge, et elles n'étaient pas propres du protobasque ou protoeuskara, qui seulement avait les cinq voyelles orales / i / / e / / a / / o / / u /. Les dialectes basques ont perdu la nasalité vocalique, sauf le dialecte souletin et l'éteint dialecte roncalais. Les voyelles nasales du souletin sont en voie de disparition.
L'ONOMASTIQUE DES VASCONS À LA STÈLE D'ASCOLI (89 av.
JC.)
La stèle d'Ascoli est un bronze ou plomb découvert dans la ville
italianne d'Ascoli de Piceno en 1908, qui contient une liste de noms de chevaliers
(anthroponymes et patronymes ou noms toponymiques), 'equites' de la Turma Salluitana,
à les quels l'empereur romain concède la Citoyenneté Romaine;
parmi eux il y avait plusieurs vascons des cités vascons de Segia et
d'Enneg(e):
-SEGIENSES-
SOSINADEN.SOSINASAE / SOSIMILUS.SOSINASAE / URGIDAR.LUSPANAR / GURTARNO.BIURNO
/ ELANDUS.ENNEGES / AGIRNES.BENNABELS / NALBEADEN.AGERDO / ARRANES.ARBISCAR
/ UMARGIBAS.LUSPANGIB
-ENNEGENSES-
BELES.UMARBELES / TURINNUS.ADIMELS / ORDUMELES.BURDO
LA TOPONYMIE BILINGUE BASCO-ROMANE
Les toponymes en langue romane de l'aire bascophone actuelle et antérieure,
par exemple les noms Abadiano, Aramayona, Argomániz, Ceberiano (l'actuel
Ceberio), Cestona, Frúniz, Galdácano, Lauquíniz, Lazcano,
Legutiano, Lejona, Lemona, Lemóniz, Ochandiano, Quejana, Sopelana et
Torrano, nous montrent souvent le nom basque arcaïque, l'antérieur
a la chute de -n- intervocalique (un procès commencé il y a presque
mille ans dans la langue basque). Ces noms en roman hispanique, plus conservateurs,
nous approchent au nom basque original. La toponymie bilingue montre aussi le
développement en contact du roman et le basque. Des differentes aires
de La Rioja, Burgos et Soria (Espagne) ont été bascophones (bilingues)
dans le Moyen Âge, pour la migration basque vers ces terres entre les
VIIIe et IXe siècles. La toponymie basque de La Rioja c'est nombreuse:
Arviza, Cihuri, Ezcaray, Fonzaleche, Galbarruli, Herramélluri, Ochánduri,
Ollauri, Oyarra, Ulizarna, Uruñuela, etc.; des autres villages riojans,
comme Zufiuri, Guipuzauri et Bascuri, figurent dans la documentation médiévale.
Une réglementation de la communauté autonome basque et l'aire
bascophone de Navarre dit que le nom officiel des villages doit être le
correspondant en langue basque; donc, le roman reste supprimé.
DES DIFFÉRENTES TYPOLOGIES LINGUISTIQUES
Les langues ont toutes leur propre typologie et leur propre évolution.
Le basque et le roman ont des différentes typologies linguistiques (
la langue basque a un ordre des mots fondamental SOV ( Sujet-Objet-Verbe ),
tandis que les langues romanes ont un ordre SVO ( Sujet-Verbe-Objet ). D'autre
part, le article basque se représente par la voyelle finale -a, tandis
que l'article roman (le, la, lo, etc.) va obligatoirement devant le substantif.
Chaque langue, le basque et le roman, a souffert des différentes évolutions.
On le peut constater dans la toponymie de la région basque. En langue
basque on peut dire Aulesti, Arratzu, Ibarrangelu et Larrabetzu, sans l'article
dinal -a, mais en roman castillan on dit toujours Aulestia, Arrazua, Ibarranguelua
et Larrabezúa, qui portent toujours l'article basque '-a', que en castillan
ne tombe pas (ne chute pas) car en castillan cette voyelle finale '- a' réalise
une fonction grammaticale de genre et pas de article comme en euskara. Si le
correspondant nom castillan d'un village basque porte une -a, et son nom basque
actuel n'en ait pas, ça veut dire que le nom roman est plus conservateur.
"LE SOC DE SAINT ÉMILIEN"
Le document manuscrit médiéval connu comme Le Soc de Saint Émilien
( La Reja de San Millán ), vers 1025, contient une liste des villages
et circonscriptions d'Alava qui payaient des socs au Monastère de San
Millán de la Cogolla (Donemiliaga Kukullakoa), dans La Rioja ( Espagne
). Tous les toponymes actuels qui finissent en -za, comme Illarraza, Ascarza,
Adurza, Otaza, etc., dans ce document finissent en -zaha (pron. -tzaha) ; par
exemple, Hillarrazaha, Hascarzaha, Adurzaha, Otazaha, Gerfalzaha, Arrazaha.
Donc, l'actuel sufixe -tza portait anciennement une aspiration -h-, d'origine
médiévale ( -tzaha ). Ce sufix -za est en effet très typique
parmi le vocabulaire, les noms et les villages basques.
L'ÉVOLUTION DES TOPONYMES
Les noms romans des villages basques présentent généralment
un nom basque plus arcaïque. Les correspondants noms romans des villages
basques sont plus conservateurs que les actuels noms populaires basques. Le
castillan et le basque ont évolué de manières très
différentes. En effet, la -n- intervocalique latine n'est pas tombé
dans l'évolution du castillan, à différence de l'euskara,
le gascón, le galicien et le portugais. Le procès de la chute
de -n- intervocalique et de nasalisation vocalique consequénte, a commencé
il y a presque mille ans. Les suivants toponymes nous montrent comme a été
l'évolution de l'euskara dans les passés mille ans à peu
près:
Albonica> *Almonika > *Almô(h)îkaa > *Almoikea > Almoike
> Almike; en roman, Albóniga.
Aragona > *Aragô(h)â > Aragoa; en roman, Aragona, Aragón,
Aragó, etc.
Argomaniz > *Argomâ(h)îz > Argomaiz; en roman, Argómaniz.
Lemoniz > *Lemô(h)îz > Lemoiz; en roman, Lemóniz.
Laukiniz > *Laukî(h)îz > Laukiz; en roman, Lauquíniz.
Lemona > *Lemô(h)â > Lemoa; en roman, Lemona.
Kexana > *Kexâ(h)â > Kexaa [kešáa]; en roman,
Quejana.
Torrano > *Dorrâ(h)ô > Dorrao; en roman, Torrano.
Quelque fois, le castillan a pris le resultat de l'evolution basque, comme les
cas de Ceberio et Guerriau:
Zeberiano > *Zeberiâ(h)ô > Zeberio; en roman c'est Ceberio
aussi.
Kerrianu > *Gerriâ(h)û > Gerriau; en euskara moderne c'est
Gerriau; en roman c'est Guerriau aussi.
Le cas de Mezquía c'est similaire. Dans la documentation des siècles
X et XI apparait comme "Mizkinia" et "Mizkina", et son nom
actual basque et castillan c'est Mezquía (Mezkia).
Le circonflexe ^ (avec forme de nez) indique la nasalité vocalique qui
s'est déjà perdu sauf en souletin.
LE VALLÉE DU ROMANZADO (NAVARRE)
Le Bassin de Lumbier, en basque Irunberri ou Ilunberri, dans la Bailliage de
Sangüesa, en basque Zangoza, est integré par les vallées
du Romanzado, Haut Urraúl et Bas Urraúl. Le village de Romanzado,
du latin hispanique *romaniceatum, se trouve dans la vallée du même
nom, et ses conseils sont Arboniés, Bigüezal, Domeño et Murillo-Berroya,
qui avaient leurs respectifs noms en basque dont on donnera des nouvelles. Le
nom de la vallée et du municipe, Romanzado, fait reference à une
répoblation dans le Haut Moyen Âge par des personnes qui parlaient
en langue romane, mais même dans le XVIe siècle ses villages étaient
déjà bascophones. Donc, cette vallée avait été
un territoire ou conseil romanisé, dont son nom contrastait avec les
autres vallées basques navarrais voisines.